Edito

Édito


Le OFFTA est un Polaroid des grands mouvements en art vivant, ici et maintenant. Un instantané pris par une équipe d’artistes qui place au centre de son objectif les créateurs de sa génération. Ces humains d’aujourd’hui remettent entre nos mains les préoccupations multiples et complexes qui les habitent à l’égard du monde qui les entoure. Le festival vous transmet ces paroles, ces esthétiques et ces visions qui interrogent ou reflètent notre étrange époque.

/ Jasmine Catudal
Directrice générale et artistique


2Fik ::: Beau Parleur de l’édition 2011

UNE GOMME SPECTACULAIRE

Un produit acheté sous une forme devient autre chose suite à la consommation, c’est connu. Ainsi, on va de la gomme, joli rectangle rose et dur, à un amas baveux, pâle et collant. On passe donc du projet conceptuel au spectacle concret. Ce n’est pas une vision très romantique, certes, mais foncièrement démocrate.

Lors de la présentation de nos créations, les spectateurs-trices prennent possession de l’oeuvre, la mastiquent, la dégustent, l’ingèrent. Ils recrachent alors des émotions et des souvenirs, bons ou mauvais. La programmation du OFFTA joue avec vos sens : ce festival n’est pas fait pour laisser indifférent ou rester dans les zones prévisibles. Exactement comme une gomme au goût plus puissant qu’imaginé. Sauf que nous, on vous aura prévenu...

La force du OFFTA est d’aller trouver des créations, des work-in-progress et autres laboratoires qui vont rafraîchir, remettre en question ou renouveler votre vision de l’art vivant. Ici, nous sortons des sentiers battus pour jouer dans des terrains vierges et poussant à la réflexion. C’est ainsi, qu’on développe son esprit critique, chose que j’affectionne particulièrement. En effet, un-e artiste doit être en mesure de se tenir debout face à son public et d’entendre ses commentaires : un compliment fait sincèrement plaisir, mais une critique rend plus intelligent-e.

Partons de deux postulats. D’une part, la critique amène à l’échange. D’autre part, l’émotion provient du don de soi. Ces deux points sont valables pour le public comme pour l’artiste : échange et émotion. Ça peut être aussi (et c’est souvent) un échange d’émotions entre eux. Dans tous les cas, l’artiste ne serait pas ce qu’il-elle est sans public. Et ce dernier trouverait sa vie bien terne sans Art. L’évolution de l’artiste se fait, d’une façon ou d’une autre, quand il-elle est en contact avec le réel, le quotidien. Quand il-elle est face à l’avis de personnes qui ne sont pas dans sa belle, agréable et potentiellement confortable bulle créative.

Enfin, tant qu’à parler de bulles, je vous rappelle que l’on en fait de très jolies avec de la gomme. N’oubliez donc pas - lorsque vous recrachez votre chewing-gum et le collez sur un poteau - que vous venez de marquer ce mobilier urbain de votre passage. De la même façon, vous allez marquer les artistes de votre présence et de vos encouragements, commentaires et critiques.

C’est grâce à vous que l’Art continue d’exister et c’est grâce aux festivals culottés comme le OFFTA que la nouvelle génération de performeurs va pouvoir vous toucher.

Amusez-vous bien pendant cette 5e édition !
/ 2Fik