Pour son 10e anniversaire, la programmation du OFFTA regroupe 21 spectacles, dont un focus sur la Scène contemporaine autochtone, un événement spécial Décalogue aux Jardins Gamelin, 8 activités satellitaires et une réflexion autour de la notion de (sur)vivre.
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éditoriaux
Sur vivre
Petit guide pour (sur)vivre ensemble
Malraux dit que l’art, “c’est la seule chose qui résiste à la mort“.
Deleuze répond : Seul l’acte de résistance résiste à la mort, soit sous la forme d’une œuvre d’art, soit sous la forme d’une lutte des hommes.
Au OFFTA, on s’intéresse à cet art nommé vivant qui naît du contact avec l’autre et prend vie spécifiquement de cette rencontre éphémère. L’art qui se transmet comme la peste et comme l’amour. Celui qui meurt dès qu’on le met en boite, dès qu’on en fait un produit à vendre au plus offrant. Peut-être que nous l’appelons «vivant» précisément parce qu’il n’a pas encore été solidifié dans une catégorie ; un processus direct de flux et de vie – une question de survie.
(Sur)vivre pour résister à la vie,
Vivre malgré la barbarie des temps modernes.
Survivre à l’abondance, au narcissisme, à la vitesse, à la beauté, au plastique, à Photoshop, au smog.
Survivre malgré cette sensation que toutes les choses que nous sommes en train de manquer ont potentiellement plus de valeur que ce que nous sommes en train de vivre ici et maintenant.
Survivre au besoin de reconnaissance, désirer que les idées voyagent, traversent les uns, s’emparent du sensible des autres et soient gorgées de la puissance du « commun ».
Survivre à l’exclusion, porter l’étranger en soi, non pas le tolérer, mais s’enrichir de sa présence en l’invitant à nous habiter.
Survivre et changer les modus operandi.
On rêve d’un écosystème où différents types d’organismes réfléchissent autrement les manières de faire et se placent en porte-à-faux des institutions à même de les réoxygéner.
Passer de structures rigides à des systèmes fluides, du pouvoir pyramidal aux pouvoirs transversaux, de compagnie indépendante à compagnies interdépendantes.
Survivre et déplaçer les rapports de force conduisant à la concurrence, à la compétitivité et à l’individualisme. Tisser des liens de mutualisme d’échange et d’empathie.
Collaborer non seulement comme une réponse à un problème économique qui oblige le partage de ressources, mais surtout une façon de trouver le sens du (sur)vivre ensemble.
Sur/vivre
méditation derridienne
Sur/vivre – c’est à dire, d’abord, tromper la mort, déjouer cette mort qui est dans le propre du vivre, cette dissolution qui déjà toujours sourd dans la chair, qui est en elle, en cette vie et qui est l’autre de la vie, son surcroît, l’élément radicalement autre qui fait écart, qui fait que la vie, que le vivant, que l’art vivant dès lors, est la trace de quelque chose : quelque chose qui témoigne de ce qui survit au fait de simplement vivre. Un supplément.
Cette sur/vie, elle est toujours déjà art, car toute présence vivante est substance d’œuvre, elle est habitée par l’en-plus : ce qu’elle n’est pas et qui s’inscrit néanmoins toujours en elle. Hanté par la mort, soit. Hanté par les autres, inlassablement. La survie, c’est l’hôte impossible et insécable, c’est l’hospitalité. L’accueil en soi de ce qui est absolument impossible en soi, et sous cette forme. Le supplément : ce qui est en creux, et qui excède, et qui déferle, et qui se déploie comme imprévisibilité absolue.
Sur/vivre – être au-delà du vivre et du mourir, à côté de la temporalité de l’existence, et pourtant en elle, être en son élan un fragment de vérité. C’est la justice, la vie dans son effort d’être juste. C’est la liberté, la vie dans son effort de création. Le plus que vivre est une trace, un témoignage –il est le signe de ce qui n’est pas là, de ce qui est impossible, et qui tisse le réel.
La survie est le fait de la vie la plus intense possible. Au plus près, recueillie au seuil de son impossibilité. Et l’art vivant est cette pratique même de la survie, son laboratoire, son temple, son témoin. Elle est machination d’affect, s’illumine du rapport du vivant à l’autre, libre de tout deuil.
Le OFFTA remercie chaleureusement les membres de son CA.
L’équipe remercie également Paul Langlois, Sandra O’Connor, Claudine, Anne-Maude, Yves, Bernard, Marie-France, Martin, Guillaume, Véronique et toute l’équipe du Monument-National, Martin Faucher, David Lavoie et toute l’équipe du FTA.
Enfin, un merci tout spécial à nos stagiaires et bénévoles pour leur aide précieuse ainsi qu’à nos nombreux partenaires sans qui la tenue du festival serait impossible.